Arrivé le jeudi midi on commence par les vérifs techniques. Je suis accompagné de mon copain Franck. C’est lui qui m’a embringué la dedans, sauf que l’année passée il a fumé son piston au premier tour et j’ai fini seul. En Aout on avait un motocross vintage, il s’est tordu le pied 15 jours avant et j’ai roulé seul. Et pour ce Touquet, c’est lui qui à lancé l’idée de rouler en 600 XR, on s’est inscrits et il se plie l’épaule à Noel, je vais donc relever le défi tout seul…
Donc Nous voila devant un gentil monsieur avec son pied a coulisse qui tique un peu sur ma fourche de 49 alors que sur son papier il est écrit que les XR c’est 43mm. Je palabre, expliquant que ça date de 96 ( la limite du règlement) tandis que derrière passent comme des fleurs des CR avec des drôles de bouchons de réglages qui ressemblent furieusement a des modèles 2017…
Puis c’est le contrôle du bruit et du coupe circuit, dans mon cas on fera dans l’autre sens avec une séance de kick de 5/6 minutes jusqu’a ce que je vois que le coupe circuit est sur Off. Braam, 116 db soit 2 de plus que la normale, circulez, y ‘a rien a voir , merci messieurs.
J’entre enfin poser la moto dans le parc fermé appuyée sur son manche à balai., le gars grogne un peu, mais me laisse installer l’ensemble en mode mikado.. Je suis pris d’une angoisse, j’ai peur que la moto tombe avec le vent, mais trop tard, on verra demain.
Le Qg, des soirées c’est un génial bar a motards en plein centre de la ville, ambiance Rock’n roll, super sono. On boit des jus de pomme, enfin moi car je suis abstinent depuis un mois, très affuté comme ils disent dans l’équipe magasine. La on voit débarquer quelques figures de notre groupe Facebook XR 600, sympa de découvrir en vrai les trognes des gaziers. Passés plus tard au contrôle, les gars racontent que l’affaire des bouts de bois pour tenir les motos est un peu montée en pression, qu’ils ont refoulés ceux qui n’avaient pas de vraie béquille etc… Ma petite angoisse ne faiblit pas… On part se coucher raisonnablement vers 9H30… Profitant du génial studio d’un copain de Franck juste en face du bar, on est idéalement placé. Je repense a ma nuit de l’année dernière par moins 2 sous la neige, allongé dans le camion, le long de la moto enroulé dans une couverture de déménagement…Etre admis dans une écurie d’usine, ça vous change la vie…
Lever 7h, je pars courir un peu sous la bruine fine. Passage le long de la plage, repérage du par de ravitaillement et puis je vais voir les motos. Tiens qqun a mis une bâche sur mon XR, et puis sympa ils ont rajouté un frein a disque a l’arrière et repeint les gardes boues…Mais c’est pas mon XR!!!! il est ou????? je le voit plus…Instant de panique, et puis très vite je recolle les morceaux, bout de bois, réglement, commissaires = punition!
Je fonce a l’arrière du parc, les motos sont alignées entre des grilles par ligne de 10/12 sur plus de 150 mètres.
Bingo ligne 590, ma moto est là, j’ai déja perdu 430 place juste à l’arrêt!
Heureusement je fais partie des pilotes qui savent tirer de l’adversité une motivation transcendentale…
12H30 on poiroite tout équipé devant l’entrée du parc. C’est utile de discuter, c’est même comme ça qu’on a appris que la course était avancé d’une demi-heure, carrée l’organisation…
Je discute avec des potes du Sud Ouest qui roulent très vite dans le sable en 500 CR, « Le Scoub’ » Florian un jeune tellement pressé que sa bielle sortira des carters en bout de ligne droite et « Le Pins », Simon Teytaut une boule de nerfs qui a scoré 20eme il y'a deux ans. Je lui raconte mon affaire de bout de bois. « Va voir au fond, ils ouvrent un autre accès » qu’il me dit, tu va gagner du temps! A 2 minutes de l’ouverture, je pars en courant vers la porte de derrière, comme quoi il il y’a du plaisir a tenter des trucs interdits! Effectivement quasi personne, la grille glisse, je fonce, j’attrape la meule et la pousse dans l’allée en courant, je zigzague entre les gars qui enlèvent baches, antivols et autres alarmes volumétriques, certains se tôlent déjà à l'arrêt dans le parc!! et bingo me voila derrière Simon soit aux alentours de la 120 eme place.
Là commence un calvaire de chez calvaire!
Les gars dégorgent leurs moulbifs dans une épaisse fumée de 2 t. On est 600 coincés entre des grilles et vas-y que je te met du gaz a fond, pour bien préparer le serrage de dans 2km… Ca dure trente minutes, la fumée pique le nez et les yeux. Le panneau "coupez vos moteurs" est brandit sans succès et le briefing dans les hauts parleurs inaudible. C’est con, ils donnent des explications sur les passages chauds et la qualité du sable à certains endroits, mais vu que ces abrutis auront tout bloqué avant, ça sert a rien d’écouter…
Je vous raconte ça en déconnant, mais c’est une partie débile et mal foutue. Je ne comprends pas que l’on puisse démarrer les motos 30 minutes avant de bouger d’un centimètre et que les types fassent hurler les moteurs comme au panneau 5 secondes…
Bref on se met enfin en route en convoi paisible et majestueux. Le vieux coursier parisien que je suis donne du gaz, en slalomant plusse en klaxonnant avec mes 116 db je regagne pas mal de places. Certains se bourrent déjà dans les barrières, d’autres sont en panne…
Pif-Paf, la plage, 100m plein gaz qui suffisent a une Kawa pour se jeter en l’air et partir en courant, abandonnant lâchement sa moto au milieu de plage! Voila une des visions fugitives que tu attrape du coin de l’oeil en une fraction de seconde et qui viens remplir ton réservoir de souvenirs.
Je suis en presque deuxième ligne, ça va partir…
La première seconde le mouvement est lent, la masse de moto se déforme et s’étire.
Les secondes suivantes, c’est le black-out, je réouvre les yeux en passant la seconde, puis la trois, ça gigote, la quatre stabilise, ça continue a accélérer, je met la cinq et je continue à ouvrir, tant que tu ouvre ça tiens mais une fois ta vitesse stabilisée, ça bouge furieusement de l’avant et de l’arrière. Je repense aux manuels qui disent qu’il faut laisser vivre la moto… hum…pour être vivant, c’est vivant… Je dois être aux alentours de 100, pas les C…d’aller plus vite. Je suis dans le rythme du paquet, on dépose des motos déjà serrées et on se fait déposer surtout par les 500 avec au moins 20 bornes de mieux dans un grondement de gros bourdon a peine énervé.
Bout de ligne droite, je coupe progressivement et premier virage, nous voila dans le sable, le vrai le mou, le profond, le humide, le collant, le volant… Je tente de prendre un rythme, je me rends compte que je suis tétanisé, crispé, j’ai du oublier de respirer.
La moto va bien si je garde la 3, mais le pb, c’est que j’y arrive pas, ma vitesse retombe, je zigzague, je vais jamais tenir cette enclume pendant une heure…
Au premier tour, derrière chaque bosse il y a un gars tombé, et surtout un gars à l’envers, il semble que le coronavirus génère des effets secondaires, les gonzes se font embarque en travers, dans une figure de spirale zébulon et les voila retournés sont sous la moto soit a contresens de la piste… Les whoops, sont profonds et infernaux… On passe dans les buses de béton sous la promenade et nous voila dans les virages relevés, la cour d’arrivée, la bosse ou y’a qu’a mettre du gaz et voila un tour de bouclé.
Le drame, c’est que rien n’est très technique, mais le sable t’aspire, te suce, t’englouti et si tu n’as pas le bonne vitesse tu galère et tu t’épuise.
Deuxième ligne droite, moins de monde, je me force a mettre plus de gaz.
Au bout la moto fait beuueueueue. Je m’arrête et tète un peu du camelback, je souffle. Camion balai? Abandon? La bielle pendouille? Je met trois coups de kick et ça repart… Les vagues de sables, les gars de plus en plus nombreux arrêtés, la moto qui fait beuueueuue dans les montées, je fatigue, m’épuise, fini par me bourrer bêtement deux ou trois fois, relever l’enclume est un enfer, la pousser sur le bord pour kicker tranquille même pas envisageable. Cette fin de second tour est un enfer, je rentre aux stands.
Dans ma tête, la course a démarrée depuis 10 minutes et j’ai a peine commencé a rouler.
En fait ça fait déjà 30 minutes!
Pause. Un gel lubrifiant spécial plaisir intense. Un peu d’essence. Ca sert a rien d’en mettre trop j’ai a peine roulé… Oups, le résé est quasi vide! (après vérification de l’acquisition de données, j’aurais fait un petit 25l au cent…)
Là un gentil chti’ en tee shirt sous la pluie, du stand d’a coté me secoue un peu, « va rouler" qu’il me dit, « Chai chur la piste que cha che pache! ». Je gémit que la moto ratatouille il jette un oeil, les mains dans son survêtement et avise mon embout de mise à l’air du réservoir. « Chte merde, t’es chur kchai pas bouché? » J’arrache le truc direct. La moto marchait parfaitement, c’est la seule modification que j’ai faite la semaine avant… Deux coups de kick et je repars pour le dernier tour! Cette classe de passer dans le stands, tu croise pleins de regards, c’est le seul endroit ou les gens ne savant pas que tu roule comme un merde!
Je remonte encore la plage, c’est vraiment le truc magique de cette course, le ciel est noir, il y a du vent, la marrée monte grave! A contresens, trois énormes bulldozers décalés, pleins phares forment en direct live un merlon de sable pour bloquer la montée de l’eau, c’est une vision dantesque, les vagues poussent et s’étirent, envahissent la piste/plage, le bout du virage est noyé, je sors le surf!
Je m’applique mais je suis fatigué, je ne suis pas le seul, les gars ont une nouvelle crise de demi-tour virus, je roule sur une roue, je roule sur un pied. Le bon coté du XR, c’est qu’il suffit de tourner les gaz pour s’extraire du piège…il suffit… Un gars se bloque devant moi en haut d'une bosse, je lui rentre dans le cul au moment ou il met du gaz, l'aidant malgré nous a repartir, simultanément il met du gaz et m'envoie non pas une giclée mais une brouette de sable en pleine tronche! Je pré,ds une claque, ma tête vacille, je ne vois plus rien, j'ouvre les gaz et franchi l'obstacle dans le noir total, mon roll off est bloqué, ça croustille sous la dent, je me refuse a arracher les lunette, elle sont envahie de buée...
Cour d’arrivée, drapeau? Rouge? Je m’attends a voir le damier, je vois la télé autour du vainqueur mais c’est le drapeau rouge qui me salue. Course arrêtée prématurément, le dernier tour pour rien… 333 un symbole marrant pour le bordelais qui ne boit plus de bière, mais un peu déçu finalement.
Coté physique chai ballot mais chuis en forme, même pas de courbatures, récupération rapide… chuis vraiment nul j’aurais du me donner plus!!! le chti avait raison, « Chai chur la piste que cha che pache! »
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Sam 7 Mar - 9:30
